Le Mans, 1911 – 1921 : une décennie difficile

Le Mans, 1911 – 1921 : une décennie difficile

Lorsqu’on évoque la guerre de 1914-1918, autrement appelée la Grande Guerre, voire, plus familièrement, la Der des ders, des souvenirs archi-connus viennent à l’esprit : la première bataille de la Marne, Verdun, le Chemin des Dames, la Voie sacrée, le plateau de Craonne etc. Une littérature réaliste et surabondante, des documents d’actualité de l’époque, une filmographie considérable mais d’inégale qualité nous font revivre ou découvrir des visions dantesques, effroyables, insoutenables parfois de la vie des soldats, français ou allemands. Surgissent devant nos yeux les tranchées faisant office d’abris et de tombeaux, des paysages lunaires labourés et bouleversés par la mitraille, les obus et les bombes, les silhouettes fantomatiques des poilus montant à l’assaut ou circulant dans les boyaux infestés de rats et de vermine. Ces héros malgré eux sont entrés dans la légende sanglante et meurtrière des combats acharnés qu’ils durent livrer, souvent dans un face à face effrayant. Éloignées ou plus ou moins proches du vacarme incessant provoqué par le déluge de bombes et d’obus qui s’abattent sur les tranchées, les villes subissent la guerre, les restrictions, les privations. C’est le cas de la ville du Mans. Les Manceaux, qu’ils soient édiles municipaux ou simples administrés, sont-ils pris de court lorsque, le 1er août 1914, est décrétée par le président de la République Raymond Poincaré la mobilisation générale ? Il semble que non.

Qu’est-ce qui peut distinguer la ville du Mans d’une autre ville de l’ouest ? Elle est le chef-lieu de la 4e région militaire, siège du 4e corps d’armée, ce qui lui confère une importance considérable. L’historien André Ligné donne les raisons qui expliquent cette situation. La ville présente l’avantage d’être (…) un nœud ferroviaire important entre Paris et l’ouest de la France. Il ajoute : (…) par sa situation, la place du Mans permettait de mobiliser, de concentrer et de transporter avec rapidité quantité d’hommes, de chevaux, de matériel et de denrées nécessaires au front. Dans cette ville de l’ouest qui compte, trois ans avant la déclaration de guerre, environ 69 000 habitants, l’emprise militaire est conséquente avec pas moins de cinq casernes. Ville de garnison par excellence, Le Mans devra immédiatement faire face, au début du mois d’août 1914, à tous les problèmes posés par le départ massif des militaires mais aussi des civils mobilisés, vers la zone des combats. Disparaissent en effet des compétences administratives, culturelles, économiques. Le maire et les édiles municipaux doivent gérer la pénurie et l’assistance aux familles privées de ressources. Ils doivent aussi assurer l’accueil des réfugiés, organiser les services hospitaliers et sanitaires vite encombrés par l’arrivée des premiers blessés, tenter de rassurer une population inquiète, combler les vides humains et matériels générés par la mobilisation générale